Dans les coulisses d’Alice


Mélanie Roland, directrice éditoriale d’Alice Jeunesse, nous a accueilli avec sa collègue Mathilde, responsable de la promotion, dans leurs nouveaux bureaux de Braine l’Alleud. Autour d’une bonne tasse de thé, Mélanie nous a raconté à quoi ressemble le trépidant quotidien de son équipe ! 
 
Qu’est-ce qui t’a donné envie de devenir éditrice ?
L’envie est née durant mes études en langues romanes à Liège. Mais le secteur était bouché. J’ai donc abandonné l’idée et je me suis spécialisée dans un domaine complètement différent pendant dix ans. Lorsque la boite dans laquelle je travaillais a fait faillite, j’ai appris qu’un poste d’assistante se libérait chez Alice éditions. J’ai immédiatement sauté sur l’occasion !
 

Qu’est-ce qui fait le quotidien d’un éditeur de jeunesse ?
Chez Alice en tout cas, c’est très diversifié. Nous sommes toutes polyvalentes ! Par exemple, Mathilde, responsable de la promotion, participe aussi à la sélection éditoriale. C’est plus chouette de travailler ensemble et de varier le travail. Nous choisissons les manuscrits, travaillons aux mises en page, rangeons le stock, participons aux salons... Ce qui me plait en jeunesse, c’est la possibilité de toucher les enfants à l’âge où ils apprennent à lire. C’est notre responsabilité de leur donner le goût de la lecture avant qu’ils n’en soient éventuellement dégoûtés. Nous essayons donc de faire des livres accrocheurs, attractifs, captivants et qui apportent un petit quelque chose en plus.
 

Quels sont les enjeux de l’édition « jeunesse » actuellement ?
Les problèmes de surproduction. Il faudrait produire moins. Mais c’est un challenge d’essayer de publier moins de bouquins, tout en accueillant nos auteurs habituels et en demeurant ouverts aux nouveaux. Le prix du papier et les délais explosent. Or, nous ne pouvons pas doubler le prix des livres si on veut rester accessibles aux lecteurs. Il y a aussi les challenges écologiques. Si on imprime plus pour payer moins cher, le risque de devoir pilonner augmente. Il faudrait parvenir à un équilibre : publier moins de livres, mieux les vendre, tout en accompagnant aussi l’auteur. C’est chouette aussi de se dire que certains auteurs peuvent vivre de leur passion sans prendre un boulot à côté. Enfin, j’ajouterais l’enjeu sociétal au niveau des plus jeunes. Cela fait peur de voir que le livre de Zemmour se classe dans le Top10 des ventes en France. Une partie de notre job consiste à toucher les jeunes pour ne pas en faire des futurs lecteurs de Zemmour.
 

Comment sélectionnes-tu les manuscrits ?
Tout ce qui nous arrive est lu. Les textes hors thème sont directement rejetés. Un texte d’un de nos auteurs déjà publiés sera lu par toute l’équipe et nous déciderons ensemble de valider ou pas le projet. Lorsqu’il s’agit d’un nouvel auteur, je le lis puis décide de le partager ou non avec l’équipe. Nous en discuterons, le testerons sur nos enfants et puis nous prendrons notre décision. Il y a plusieurs nouveaux auteurs chez Alice chaque année.
 

Un livre que tu es fière d’avoir aidé à concevoir ?
Un texte encore en cours de Christian Merveille sur un sans-abris. L’album montre le point de vue du sans-abris, en se mettant à sa hauteur, lui qui d’ordinaire est si transparent. Un projet 100% belge avec également une illustratrice belge, Salomé Borbé. Les droits d’auteurs seront d’ailleurs partagés en trois : un tiers pour l’auteur, un tiers pour l’illustratrice et un tiers pour une association qui vient en aide aux sans-abris